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Cet ensemble de trois dessins muraux recouvre une certaine dimension performative. Le processus de réalisation y demeure en effet lisible, tant dans le rapport direct et tactile aux matériaux dont témoigne ce travail que dans la nécessité où se trouve celui-ci d’être monté, démonté et donc exécuté à nouveaux frais toutes les fois où il est exposé. Les cheveux sont ici employés au titre d’outils graphiques permettant de tirer des lignes qui se déploient aux dimensions d’un bas-relief, dans la mesure où ils se tendent chacun entre deux épingles. Ainsi la fragilité se trouve-t-elle en tension avec le tranchant, comme la séduction l’est avec l’agressivité visuelle. Les trames qui se forment renvoient à une activité réservée aux femmes dans nombre de cultures. Le tissage figure par ailleurs un type d’intelligence rusée et astucieuse, dont la Pénélope de l’Odyssée est l’une des incarnations féminines les plus marquantes. C’est toutefois aux motifs ornant les vêtements portés par les Hmong que la démarche réticulaire emprunte en l’occurrence. Il s’agit d’un peuple installé sur les montagnes du nord du Vietnam, dont les femmes mènent une vie difficile qui les pousse parfois à vendre leurs cheveux. Elles se marient très jeunes sous la contrainte sociale et apprennent, dès l’enfance, à coudre et à broder la robe qu’elles porteront ce jour-là. Le triptyque juxtapose deux motifs inspirés de ceux qui parent les tissus Hmong ; l’un est simple et l’autre plus complexe ; et il s’y adjoint un troisième, issu de la superposition des deux précédents. Ainsi le motif ethnique évolue-t-il vers la grille moderniste et, en retour, il confère à celle-ci cette capacité narrative ou, à tout le moins discursive, dont la structure répétitive et modulaire était précisément censée expurger les arts visuels. 

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