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2015, vidéo couleur, 1’05”.

Enregistrée par une caméra que l’artiste laissait tourner, sans qu’ait déterminé au préalable ni cadrage, ni scénario, ni mise en scène, la bande vidéo saisit sur le vif un fait qui, pour sembler banal, n’en reste pas moins intolérable, puisqu’il s’agit d’un viol de l’intimité : le voisin d’à-côté apparaît en effet furtivement dans le champ de vision de l’appareil, alors qu’il jette un regard, depuis son balcon, dans la chambre de sa voisine, dans une intention dont on peut raisonnablement mettre en doute l’honnêteté, — peut-être était-il secrètement à l’affût des faits et gestes de celle-ci, qui ne s’est rendu compte d’avoir été observée qu’en visionnant la bande. L’ironie veut qu’une fois diffusée en boucle, cette bande nous constitue tous en voyeurs : nous nous surprenons en effet à guetter la manifestation de l’importun et, par suite, à surveiller la jeune femme. Cela nous renvoie à la promiscuité à laquelle nous exposent les fenêtres dans les situations d’habitation concentrée et, par extension, ces fenêtres virtuelles qui servent aujourd’hui de support à notre culture visuelle, où les frontières physiques et juridiques séparant le public du privé se voient fréquemment transgressées.

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